Nous n’étions plus très nombreux à nous souvenir de ce groupe qui accompagna les Cramps sur toute la tournée européenne 1986 de « Smell of Female ». Il s’agissait des Primevals, à l’origine une sorte de Gun Club écossais mâtiné de Captain Beefheart, signé par New Rose deux ans plus tôt, et qui avait alors peut-être déconcerté certains avec un rock devenu un peu plus mélodique et aérien. Ce temps-là est bien loin aujourd’hui et même totalement révolu, si l’on jette une oreille sur le tournant en forme de « retour aux fondamentaux » emprunté par le groupe depuis quelques années. Sous la houlette d’un Michael Rooney que d’aucuns soupçonnent coupable d’un pacte faustien, la flamme ne s’est jamais éteinte et, bien au contraire, ce sont des Primevals plus verts que jamais qui déboulent sur Closer Records avec leur nouvel album : « Tales Of Endless Bliss ». Nous assistons ébahis à une spectaculaire mutation qui bien sûr ne s’est pas effectuée sans heurts, on ne passe pas si aisément d’un son printanier, léger, insouciant aux lourdes froideurs crépusculaires et envoutantes de l’automne. Avec le temps la machine Primevals s’est alourdie, se muant en une mécanique à la puissance sombre et menaçante, ornementée de guitares abrasives, massives, de rythmiques ayant mis au ban toute velléité de up tempo primesautier pour laisser place à un beat beaucoup plus posé, swampy, envoûtant. En optant pour une pareille assise à la fois grave et solennelle, en sachant mettre à nu la substantifique moelle en des compositions rageuses, vindicatives et toujours plus « près de l’os », ce quintet est aujourd’hui parvenu à atteindre la quintessence de son art.
Amateur de tableaux expressionnistes possédés et un brin déjantés, d’horizons implacablement plombés, de paysages lunaires décharnés ou, plus simplement, fan de rock’n’roll noir et primal, « Tales Of Endless Bliss » sera ton nouveau Graal à n’en pas douter !
Ecoutez ici / Listen here : http://www.reverbnation.com/closerrecords/song/22204778-primevals-pink-cloud?1336410755