CLOSER Records Labelo Rock Indépendant du Havre

INDIAN GHOST

Indian Ghost est un groupe toulousain discret et à l’élégance rare, toujours en équilibre entre perfectionnisme obsessionnel et dilettantisme chronique. Il nous offre avec « Lost far gone » son cinquième album en 22 ans. Si la productivité comme le rendement demeure à 10 000 lieues de leurs préoccupations, leur discographie s’étalant sur deux siècles, la qualité, elle, est toujours optimale tant ici nous avons affaire à des artisans dont le soin et le rigorisme virent à l’orfèvrerie voire à l’horlogerie de précision chère à nos voisins Helvètes.

Comme à chaque livraison, Indian Ghost nous gratifie d’un album complexe et simple à la fois. Chaque pan de mur de l’édifice présente ses propres enluminures, son architecture originale, mais toutes les facettes s’emboitent méthodiquement à la fin pour constituer un monument singulier, scintillant de puissance émotionnelle, à l’évidente harmonie et à la justesse difficilement accessible.

« Lost far gone » esquisse d’emblée le plan de masse avec « Land of my Father », en forme d’hymne dégingandé, le langoureux et sexy « Psycho Medicine Blues » lui succède en nous offrant une facette plus intimiste de leur art, ornementée de bande à l’envers hypnotiques, afin de bien rappeler que nous n’avons pas affaire à de vulgaires arpètes mais bien à des bâtisseurs de pop music chevronnés.

S’ensuit le très Supersnazzien « Everyday you have to die », sur lequel on s’attend à chaque encoignure de couplet à voir débarquer le remuant fantôme de Roy Loney. Arrive le morceau de bravoure de l’album, « Girl on a Motorcycle », au beat lent et posé sur lequel s’entrechoquent, dans un carrousel spectorien aux pigments bigarrés, des volutes de guitares douze cordes, des trompettes vaporeuses et un piano copulant à l’envie et au mépris de la plus élémentaire moralité, avec des chœurs baignés d’une sirupeuse reverb. Vient ensuite, pour clore la première face, « I Whistle you come to me » porté par un Farfisa aux effluves transylvaniennes pimentant la ritournelle de saveurs acides et décadentes que n’auraient pas renié les grands échalas de 22-Pistepirkko.

Le temps de retourner l’objet et on repart pied au plancher avec « 06 77 Club », au refrain imparable, qui s’impose comme le second hit bankable de « Lost far gone ». « Statue Girl », balade vespérale qu’aurait pu pondre Lee Hazlewood lors d’un crépuscule automnal entre Grandes Plaines et Monts Ozark, s’immisce ensuite dans le bal pour parsemer l’atmosphère d’un peu plus encore de nostalgie contemplative avant que ne survienne « Killing or Loving », dont la ligne d’orgue transalpine ensoleillée joue un surprenant contre point avec un riff de guitare estampillé Neil Young. « One Day in the Summer », flânerie lancinante en mid-tempo, nous renvoie ensuite au temps des premiers Indian Ghost, quand la logique architecturale s’articulait autour d’une structure ascensionnelle vous promenant progressivement des vallées sereines d’un couplet vers les cimes escarpées d’un refrain auréolé de chœurs aériens. Pour que l’œuvre soit achevée il fallait une flèche vers les cieux, un vestibule vers les sphères spirituelles, et c’est le somptueux « White Horses », ode poignante et éthérée à la fois dont aurait pu nous gratifier Nick Cave, qui se charge de vous donner l’ultime frisson en vous saluant bien bas.

Mais, à vrai dire, tenter de traduire en mots la profondeur émotionnelle qui règne en les sillons de « Lost far gone » n’a pas vraiment de sens… Ecoutez-le et vivez-le tout simplement !

Extrait ici : http://www.reverbnation.com/closerrecords/song/23349340-indian-ghost-land-my-father

 

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